il fait tout pour que le FN monte ....................

Publié le par COMITE CITOYEN DE FRONTIGNAN LA PEYRADE

Le PS et l'UMP sonnés le FN veut utiliser la crise du capitalisme

 

 


Au-delà des déclarations d’états-majors, l’inquiétude s’exprime sans fard, au PS comme à l’UMP. « Tout est en train de s’écrouler, on a la gueule de bois », confiait hier un ancien ministre de Sarkozy pour qui Mancel devait « gagner largement ». Si le PS s’effondre, il est loin d’être garanti que la droite en profite.

Pessimisme. Angoisse. Face à la «démobilisation totale» des électeurs du PS, la mobilisation (+25% entre les deux tours) du FN à Beauvais ne s'explique pas avec les affaires Cahuzac et Sarkozy. La partielle de l’Oise est un laboratoire grandeur nature de ce qui mature voire fermente réellement dans notre pays. Le Front national « absorbe la crise, l'Europe, les abandons et les promesses non tenues».

« On a choisi de venir vivre ici parce que, financièrement, on ne peut pas faire autrement. Maintenant, on préférerait être autre part. Ici, si vous n'avez pas de voiture, vous ne faites rien. », « Cela n'explique pas les raisons de ce changement de vote. », « Nous, on travaille, on essaie de gagner notre vie honnêtement, simplement d'essayer de garder la tête hors de l'eau. On nous a promis plein de choses et, en définitive, qu'est-ce que ça change ? Rien. », « Les gens se défendent en votant FN, pour dire qu'ils en ont marre, mais ce n'est plus seulement un vote de contestation. Avant, ils se défoulaient au premier tour puis, au second, revenaient à un vote de raison. Maintenant, la raison, ils n'y croient plus. »

Dans ce département, les dossiers déposés devant les commissions de surendettement ont connu une progression record. Les industries ferment.

Ce résultat - qui s'inscrit dans la droite ligne d'un certain nombre de duels UMP-FN qui ont eu lieu lors des dernières cantonales ou législatives et ont vu les candidats FN certes se heurter au plafond de verre des 50 %, mais monter très haut - montre que le parti d'extrême droite apparaît à une part grandissante de l'électorat de droite mais aussi du PS comme une alternative. La stratégie de banalisation et de parti attrape-tout franchit là une étape supplémentaire et la période actuelle l'aide assurément. D'autant que le front républicain UMP / PS fonctionne de moins en moins bien.

Avec un FN qui profite du profond mécontentement vis-à-vis de l'exécutif, de la montée du chômage, de la crise européenne et, accessoirement, des affaires… Et sait utiliser chaque événement pour tenter de valider son discours (contre l'Europe et l'euro, avec « l'affaire chypriote » par exemple). Malgré les bémols à mettre à tout résultat d'élection partielle, cette banalisation croissante du FN couplée à un front républicain du "bipartisme" qui se fissure est un sérieux avertissement aux deux partis de gouvernement.

Entretien avec Joël Gombin, doctorant en sciences politiques à l’Université de Picardie Jules Verne réalisé par Sandrine Guidon, La Marseillaise,

Ce dimanche 24 février a vu s’affronter un duel UMP-FN lors du second tour de scrutin d’une législative partielle dans l’Oise après l’élimination de la candidate socialiste. Fort des 27,9% réalisés le 22 avril 2012 par Marine Le Pen dans cette circonscription, Le Front national avait espéré créer une « deuxième surprise ».

Le score final a été de 51,41% pour l'UMP sortant et 48,59% pour la frontiste Florence Italiani.Porté par un sondage TNS-Sofres indiquant qu’un tiers des Français « adhère » à ses idées, le parti frontiste surfe sur la vague médiatique. A un an des municipales, il ne se sera jamais autant inscrit dans une stratégie de conquête du pouvoir et notamment en région Paca et Languedoc-Roussillon. Une stratégie qui vise en réalité à faire du FN la première force de droite comme le souligne Joël Gombin, doctorant en sciences politiques à l’Université de Picardie Jules Verne.

La configuration de ce second tour de la législative partielle de la 2e circonscription de l’Oise est-elle à prendre en considération pour les prochaines échéances électorales ?

Il s’agit d’une élection partielle dans une circonscription avec un taux de participation inférieur à 33%. Il faut donc prendre toutes les réserves qui s’imposent et ne pas en tirer des enseignements nationaux définitifs. On constate que Sylvie Houssin, la candidate socialiste a clairement perdu du terrain. Il n’y a rien de très exceptionnel à cela en particulier dans un territoire marqué à droite. Son adversaire l’UMP Jean-François Mancel y est élu depuis 1978. En revanche, ce qui est le plus remarquable est le fait que le FN se maintienne à un très bon niveau comparativement à ses résultats du mois de juin. Cet élément s’inscrit dans une dynamique observée depuis 2011 : le FN obtient désormais de bons résultats y compris sur des élections à faible intensité. Cela marque l’enracinement du parti.

Ce schéma peut-il préfigurer des élections municipales de 2014 ?

Il est très compliqué de tirer des leçons dans la mesure où les municipales sont très fortement marquées par des contextes locaux. Par tradition, les municipales sont relativement difficiles pour le FN qui doit réussir à monter des listes. De plus, elles se jouent énormément sur la notoriété des candidats. Là encore, le Front national doit faire face à un handicap : il n’est pas bien ancré localement. A part quelques exceptions où il pourrait créer des surprises mais celles-ci se situent plutôt en région Paca ou Languedoc-Roussillon qu’en Picardie.

Pourtant n’y a-t-il pas un changement de stratégie du parti ? Marine Le Pen évoquait les municipales dès septembre dernier. Plusieurs candidats se sont déjà déclarés. Le FN a même annoncé qu’il serait représenté dans des villes comme Arles où il était absent depuis 1989…

Le FN affiche effectivement une volonté de s’ancrer et le cas échéant de conquérir des postes dans des municipalités. Mais cela s’inscrit en réalité dans une tension au sein du parti. Le FN a besoin de cet ancrage, le manque de cadres intermédiaires reste une de ses faiblesses organisationnelles. Cependant, l’expérience de la victoire dans trois grandes villes en 1995 puis à Vitrolles en 1997, a montré que la conquête de municipalités pouvait constituer un danger. Forts de ces ressources politiques, certains dirigeants se sont ainsi émancipés de l’appareil partisan qu’ils ont fini par quitter. Parvenir au pouvoir municipal va également révéler l’écart entre le discours démagogique du FN, qui ne fonctionne que parce qu’il n’a pas été mis à l’épreuve du pouvoir, et la réalité. Car si le FN n’a jamais connu la pratique du pouvoir au niveau national, à l’échelle municipale l’expérience s’est mal terminée. A l’exception d’Orange mais Jacques Bompard s’est substantiellement éloigné de la stratégie du parti et l’a quitté. En revanche, la gestion frontiste des villes comme Marignane, Vitrolles et Toulon a été extrêmement mauvaise et sanctionnée à la fois par les organismes de contrôle type Chambre régionale des comptes et par les électeurs. Le risque pour le FN est de se retrouver face à ce type de cas en 2014 qui affaiblirait le parti et donc Marine Le Pen dans ce qui est pour elle la perspective essentielle, c’est à dire l’élection présidentielle de 2017. L’objectif de la direction nationale n’est pas tant de conquérir des municipalités que de mettre en difficulté ses adversaires et en particulier la droite. Je pense que dans un certain nombre de villes, le jeu du FN consistera à agiter le spectre d’alliances avec la droite traditionnelle. Le but étant plus de l’affaiblir et de la diviser que de conquérir le pouvoir municipal même si rien n’interdit que le FN parvienne seul ou en coalition au pouvoir municipal.

A ce propos, Marseille va être un cas particulièrement intéressant. Aujourd’hui, il existe une réelle possibilité que le parti frontiste soit l’arbitre au conseil municipal dans l’hypothèse où l’UMP comme le PS n’obtiendraient qu’une majorité relative. Le FN disposerait alors d’un levier puissant pour mettre la droite face à ses contradictions.

D’autres villes ont été désignées comme cible ?

Carpentras (Vaucluse) par exemple. On ignore pour l’instant si Marion Maréchal-Le Pen se présentera mais la ville est potentiellement gagnable par le FN, notamment en raison des divisions de la droite et de la gauche localement. Gilbert Collard pourrait se présenter à Saint-Gilles (Gard). D’autres villes seront à surveiller comme Cavaillon (Vaucluse) qui a vu une progression importante du FN sur les dernières années. Thibaut de La Tocnaye y sera candidat.

Il y a également Brignoles (Var) où le FN avait obtenu l’élection d’un conseiller général avant que celle-ci ne soit annulée.

Pourquoi le Sud-est reste-t-il une terre de prédilection pour le Front national ?

Il y a des raisons sociologiques qui expliquent son succès historique dans la région. La fidélité de ses électeurs est plus importante que celle que l’on a pu observer dans des fiefs récents comme le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie ou la Champagne-Ardenne. Cette fidélité doit sans doute à l’ancienneté de l’implantation du parti dans la région où il a obtenu ses meilleurs scores dès 1984. Le parti a consenti beaucoup d’efforts en y parachutant ses leaders nationaux, de Jean-Marie Le Pen à Bruno Mégret en passant par Marion Maréchal-Le Pen.

Et puis, il y a eu dès le milieu des années 80 une légitimation du parti frontiste à la fois par les institutions avec en particulier l’alliance dès 1986 entre Jean-Claude Gaudin et le FN pour gérer la Région Paca. Et par le discours d’une droite locale qui est l’une des plus droitières de France avec notamment le collectif de la Droite populaire dont une grande partie des parlementaires pendant la dernière législature étaient élus en région Paca.

Selon vous, le contexte de crise favorise-t-il le vote FN ?

C’est difficile à dire… On n’observe pas de relation mécanique entre le contexte économique et le niveau de vote FN. C’est un vote qui apparaît relativement dé-corrélé du contexte économique. Cela s’explique par le fait que le discours du FN extrêmement maniable, peut au final mettre l’accent sur différents aspects en fonction du contexte. Maintenant il est vrai que les difficultés économiques mettent d’autant plus les autres partis, et notamment les partis de gauche, face à leurs contradictions. On le voit avec l’action du gouvernement dirigé par le parti socialiste. Finalement la crise oblige à pratiquer une politique qui va à l’encontre aussi bien de ses promesses, que des intérêts de la grande majorité de ses électeurs. Indirectement, cela crée une situation qui profite au FN.

L’UMP sera-t-elle tentée par des alliances avec le parti frontiste ?

Au stade actuel, il n’est pas envisageable que la direction nationale de l’UMP consente à des alliances locales avec le FN. En revanche, les municipales sont propices à des formes d’autonomie locale. Aujourd’hui, l’enjeu n’est pas sur des alliances explicites, à part peut-être dans des petites communes. En revanche, il ne me semble pas impossible qu’il y ait la tentation à gauche comme à droite d’ailleurs, de formes de jeu de billards à trois, quatre ou cinq bandes où finalement soient mises en place des alliances objectives pas nécessairement explicites mais qui joueront sur le maintien ou non au second tour.

Deux ans après l’élection de Marine Le Pen à sa tête, le parti a-t-il réellement évolué et cela au-delà du discours ? A-t-il changé de marqueurs idéologiques ?

Je n’opposerai pas la réalité au discours dans la mesure où le discours fait partie intégrante de la réalité d’un parti. Ensuite, a-t-il gardé ses marqueurs idéologiques ? Cela dépend desquels. La difficulté réside dans le fait que le FN est historiquement une coalition hétérogène de groupes très différents d’un point de vue idéologique. Toute sa force a été de les rassembler. Aujourd’hui, c’est la stratégie politique du FN qui a changé. Celle menée par Jean-Marie Le Pen n’avait pas pour but principal l’accès au pouvoir. Après tout, il aurait très bien pu devenir ministre en 1986. C’était à sa portée mais il ne l’a jamais recherché. Je pense qu’il percevait son rôle politique comme celui d’un électron libre, un empêcheur de tourner en rond qui mettait en difficulté tour à tour les partis de gauche et de droite. Avec l’accession de Marine Le Pen et d’une nouvelle génération à la tête du parti, le rapport à la politique est différent. Les dirigeants actuels se conçoivent comme des professionnels et par conséquent veulent pouvoir vivre de la politique. Et pour cela, il faut gagner des sièges. Obtenir des succès électoraux est donc devenu une nécessité pour le FN et le cas échéant un jour en alliance. Aujourd’hui, la stratégie de long terme du FN est de devenir la première force de droite pour pouvoir dicter des alliances qui se fassent à son profit.

Le Front national en Provence-Alpes-Côte d’Azur Joël Gombin Pascal Delwit (dir.) Le Front national. Mutations de l’extrême droite française Bruxelles p. 191-209. (2012)

Publié dans LE RACO

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